Notre premier mur n'a pas été choisi par hasard : c'est un mur qui n'est quasiment pas en contact avec l'extérieur, sinon par un hall bien protégé. Si nous faisons de grosses erreurs, elles seront ainsi moins lourdes de conséquences que sur un mur pleinement exposé aux intempéries !
Emplacement sur le plan :
Comme vous le voyez, la seule zone de contact avec l'extérieur est le porche couvert qui permet de passer du garage à la porte d'entrée sans se mouiller (tant qu'à faire !).
Fixation des ouvertures
Contrairement aux constructions « en dur », où l'on ajoute les ouvertures en dernier, on va d'abord poser les encadrements de portes et fenêtre et ensuite les « habiller » avec les bottes de paille.
On commence par fixer des cadres en douglas brut de 4 x 15 cm en haut et en bas.
Ci-dessous, vous voyez la fixation haute avec des équerres (dont on peut plus ou moins se passer selon les endroits) :
Voilà notre première porte fixée. Enfin, nous allons pouvoir nous protéger du courant d'air !
Vous remarquerez les briques qui attendent d'être scellées au sol : nous les fixons après les encadrements pour éviter d'avoir à les recasser si nous nous sommes trompés dans les mesures !
La même porte vue de profil :
Il va ensuite falloir sceller les briques (j'en parlerai d'en un autre article, même s'il n'y a rien de passionnant à dire sur le sujet), fixer quelques bois pour attacher les bottes et enfin poser ces dernières...
Sur ce mur, il y a aussi des fenêtres. Voici la première que nous avons mise en place. Comme elle est petite, je ne me suis pas tracassé avec son contreventement. Mais je parlerai de ce point dans un autre article.
Elle est fixée sur le même type de cadre que la porte. Mais j'ajoute une planche au-dessus et au-dessous.
La fixation des bottes
Les bottes seront simplement attachées sur des lames de bois !
J'ai récupéré pour ce faire tout le bois (pin ou sapin, je ne sais plus) ayant servi pour le coffrage de la dalle. Et je l'ai découpé en lames de 4 cm d'épaisseur et 6 à 7 cm de large.
Je les fixe en haut et en bas (sur les briques, avec des équerres) à une distance de 40 à 50 cm selon les endroits, pour pouvoir ensuite y fixer des lambris dans de bonnes conditions. Pour les pièces qui ne seront pas décorées par des lambris, nous collerons sur les lames de bois un tissu genre toile de jute assez lâche pour que l'enduit accroche facilement. Autre idée à laquelle j'ai pensé : y clouer ou agrafer des canices qu'on trouve dans les jardinerie (les plus fins qu'on trouve).
Voilà ce que ça donne, côté intérieur (où il y aura des lambris) :
et côté extérieur (où les bottes seront protégées par un enduit) :
Au début, comme le montre cette image, j'attachais les bottes avec de longues ficelles englobant plusieurs lames de bois (il vaut mieux du synthétique : oui, je sais, c'est pas écolo, mais les ficelles en fibre naturelle ont toutes cassé !).
Ensuite, j'ai constaté que la cohésion était bien meilleure en attachant les cordes sur une seule lame de bois à la fois :
Estelle est la spécialiste de l'attache des bottes : elle passe la ficelle et je fais les noeuds (aïe les doigts quand on a fini un pan de mur !!!) :
Pour traverser la botte avec la ficelle, on utilise une « aiguille » en bois dans laquelle j'ai simplement creusé un trou qui sert de chat (on peut en fabriquer plusieurs à partir de « tiges » de pin de 1 x 1 x 200 cm qu'on trouve dans les magazins de bricolage). Mais avec des bottes très denses, ces aiguilles en bois cassent facilement et nous avons maintenant épuisé tout notre stock.
Notre ami Charles a trouvé la solution : il nous en a fabriqué une en métal. Voici une photo du bolide, d'une efficacité imbattable !
Gros plan sur le chat : c'est aussi le bout pointu de l'aiguille, avec lequel on pénètre dans la botte. Cela a évité à Charles d'aplatir les deux extrémités de la tige (un côté pour faire le trou, l'autre pour faire la pointe). Et ça fonctionne très bien ainsi !
Et Charles n'en est pas resté là : il nous a même confectionné un « pousse aiguille » pour protéger nos petites menottes. Un vrai papounet, ce Charles !
On a mis un plastique sous les bottes pour éviter les remontées d'humidité par capillarité. Mais je me demande maintenant si c'est vraiment indispensable, étant donné que les murs seront pleinement respirants.
En tout cas, conseil de Bruno : il ne faut pas que le plastique remonte sur les côtés des bottes, sinon, s'il y avait une fuite d'eau venant d'en haut, celle-ci serait retenue et la paille pourrirait.
Les bois, comme je le disais, sont fixés sur les briques par une équerre et des chevilles (on n'est pas obligé de laisser l'étiquette !). Et il vaut mieux mettre un peu plus de vis que sur cette photo :
Un truc important avec ce type de fixation par ficelles : il faut raser les bottes AVANT de les attacher, sinon, on va couper les ficelles !
Raser les bottes ?
Ben oui, il faut qu'elles soient présentables si on a une inspection de la DDE...
Meuh non, c'est pour rire !
Si les bottes ne sont pas rasées, avec des fibres longues qui partent dans tous les sens, l'enduit accrochera moins bien. Alors que si les fibres sont bien perpendiculaires à l'enduit, l'accroche sera optimale.
Voyez la différence entre des bottes rasées et non rasées :
J'ai testé plusieurs moyens de raser les bottes. Les plus efficaces pour moi sont :
- la meuleuse d'angle avec disque de diamant (la paille, c'est costaud !), surtout pour les courtes distances et les zones entre les bois. Non, ce n'est pas un cosmonaute qui rase la paille : mais un casque et des lunettes sont bienvenus ! On devine la meuleuse mais je n'ai pas de photo plus précise pour l'instant. C'était au tout début : je rasais avec les ficelles déjà fixées et c'est là que j'ai constaté qu'il valait mieux le faire avant !
- le débrousailleur, très pratique pour les grandes surfaces de bottes. Il ne faut surtout pas utiliser le coupe-fil mais une lame de scie (la mienne est une lame avec des petites dents. Je pense que c'est mieux que les grandes lames pour moins « accrocher » la paille. En tout cas, le résultat est convaincant).
Partager les bottes
Pour les adapter aux espaces réduits, il faut souvent « découper » les bottes pour avoir des demi-bottes ou des tiers de bottes. Là encore, l'aiguille en bois nous a été bien utile. Les photos qui suivent montrent les différentes étape de ce « découpage »...
Voici d'abord l'aiguille prête à l'emploi, avec la ficelle bleue (récupérée d'autres bottes) dans le « chat » :
« Sculpter » les bottes
Comme on aime les choses simples, on a choisi une architecture traditionnelle, avec plein de bois dans toutes les directions !
Si bien qu'il y a beaucoup de recoins et que nous devons « sculpter » les bottes pour les y faufiler.
Mais si les espaces sont trop exigüs ou trop « tarabiscotés », on les remplira ultérieurement avec du béton de paille.
Voilà par exemple une botte taillée pour s'adapter à un lien de la charpente :
Là, c'est Estelle qui s'est amusée avec la tronçonneuse (nous n'avons pas trouvé mieux pour ce genre de taille ; plus la botte est dense, mieux ça découpe) :
Nous récupérons tous les brins de paille tombés au sol. D'une part, c'est une mesure élémentaire de protection contre l'incendie. D'autre part, on la réutilisera mélangée à de la terre (béton de paille, adobes...).
« Persuader » les bottes !
Ben oui, elles sont parfois un peu récalcitrantes, les bottes. Alors, il faut les persuader qu'un bel alignement est le meilleur moyen pour elles de conserver notre estime !
Les pailleux ont inventé un appareil pour cet usage : le « persuadeur ». Un gros morceaux de bois au bout d'un manche pour pousser les bottes. J'en ai fabriqué un dans ce style, mais je trouvais ça encombrant et moyennement efficace.
Alors, j'ai pris un outil qu'on trouve dans le rayon maçonnerie des magasins de bricolage. Je crois que ça sert à tasser le sable, la terre...
Voilà à quoi il ressemble :
Et me voici en flagrant déli de persuasion !
C'est un peu lourd pour les bottes en hauteur mais c'est d'une telle efficacité que je continue à l'utiliser. Avec ça, même les bottes qui refusent d'entrer dans l'espace qu'on leur a réservé finissent par céder !!!!
Chuuut, ne donnez pas cet idée à un certain ministre dont je tais le nom desfois qu'il cherche à me persuader moi aussi......
Presser les bottes
Pour « densifier » le mur, améliorer sa tenue, diminuer les petits espaces vides entre les bottes, on les presse. Vous pouvez utiliser le cric de votre voiture.
Pour une meilleure répartition des forces, on a acheté plusieurs petits crics hydrauliques, efficaces et faciles à utiliser. Sur cette image, j'ai inséré une planche au-dessus des crics pour qu'ils aient un appui. Une fois les bottes bien tassées (je peux parfois laisser les crics en place toute une nuit, voire davantage, pour que les bottes restent mieux en place), je peux insérer une nouvelle rangée de bottes au-dessus. Il n'y aurait pas eu assez de place sinon.
Il faut parfois utiliser des cales en bois pour prolonger la tige du cric et s'adpater ainsi à différentes dimensions.
Vue d'ensemble
Voilà quelques images du mur presque terminé, prêt à recevoir les lambris à l'intérieur et l'enduit à l'extérieur (nous attendrons que tous les murs soient terminés pour faire l'enduit extérieur).